1.4.07


UNION REGIONALE
Des Fédérations Départementales de Pêche et de
Protection du Milieu Aquatique de l'Auvergne et du Limousin

le 26 mars 2007



Remarques de l'Union Régionale Auvergne Limousin,
dans le cadre de l'enquête publique relative à la procédure d'autorisation
de la concession de la centrale hydroélectrique
du Pont des Moines sur la rivière Santoire.


Le Conseil d'Administration de l'Union Régionale réuni à Lempdes, le 04 novembre 2006, jugeant que le projet soumis à la présente enquête publique est en contradiction profonde avec les orientations de la D.C.E. Eau, et notamment les objectifs de maintien du bon état, et considérant l'ensembles des traumatismes liés à l'installation d'une telle structure sur un contexte classé conforme au PDPG 15, s'est déclaré en totale opposition avec ce projet et a mandaté son président pour engager au nom de l'Union en collaboration avec la FDAAPPMA 15, toute action qui serait jugée nécessaire à l'encontre de ce projet.

En effet, la Santoire est classée dans l'état initial comme appartenant à deux masses d'eau en bon état et donc à ce titre avec un objectif impératif pour 2015, de non dégradation. Elle est par ailleurs classée en très bon état écologique. Tous les retours d'expérience disponibles, concernant l'exploitation effective du type d'installation préconisé par le présent dossier, montrent une dégradation forte du milieu aquatique tant à l'amont qu'à l'aval des aménagements. Il s'agit là de milliers de cas. Il n'existe pas de cas où l'installation n'est pas dégradée l'état initial du milieu.

La dégradation porte notamment sur les paramètres hydro morphologiques, physico-chimiques et biologiques.

Concernant l'hydro morphologique, sans être exhaustif, citons :

* La transformation évidente des profils en long et en travers du linéaire impacté, avec la création d'un plan d'eau à l'amont et d'une réduction du lit mineur sur la portion soumise au débit réservé.

* La création d'un obstacle naturellement infranchissable qu'il faudra équiper d'un dispositif cherchant à minimiser les effets sur la libre circulation des espèces tant à la montaison qu'à la dévalaison. Aucun dispositif actuel n'assure une parfaite libre circulation. Les plus performants permettent un passage effectif mais génèrent des phénomènes de pertes d'énergie, de désorientation et des retards dans les migrations
(c.f. études par radio pistage les migrateurs source MIGADO).

* La modification des régimes hydrauliques impliquant le piégeage des sédiments à l'amont et un pavage des zones aval.

Concernant le physico-chimique, notons que :

* La création de la retenue amont génère des conditions propices au développement des phénomènes d'eutrophisation par l'augmentation de la température et le piégeage des nutriments, notamment du phosphore.

* La création de la retenue amont perturbe la capacité d'oxygénation du milieu par suppression des turbulences et réchauffement de la lame d'eau, portant atteinte à la capacité d'autoépuration du milieu.

* La modification de la granulométrie tant en amont qu'en aval, de la transparence, de la température, de la biologie, des modes de fonctionnement contribuent à la modification de la composition chimique du milieu : MES, PH, N, PH, etc….

Concernant la biologie, là encore une liste non exhaustive de facteurs limitants :

* La diminution des zones d'habitat et de frayères en amont et en aval par les modifications des profiles.

* L'aggravation des conditions de migration.

*L'aggravation des conditions de reproduction liées à la granulométrie.

* La mutation des espèces avec colonisation de la retenue amont par des espèces non spécifiques aux milieux salmonicoles.

* Les piégeages d'alevins, l'assèchement de frayères, les dérives de l'ensemble de la faune et la colonisation aval des espèces non spécifiques implantées à l'amont, tous ces phénomènes étant liés aux lâchers d'eau.

L'ensemble de ces paramètres interagit conduisant inéluctablement à une dégradation du milieu.

L'étude d'impact qui nous est présentée, n’examine qu’un certain nombre de ces facteurs en cherchant de plus à diminuer leurs effets :
- Présentation du site comme un site sans intérêt en regard de la biodiversité et de sa valorisation,
- Sous estimation de l'intérêt piscicole,
- Sous estimation des frayères.
Cette étude est manifestement insuffisante et n'a pour seul objectif que de satisfaire à une obligation administrative. Elle ne démontre en aucun cas que l'aménagement ne conduira pas à une dégradation de l'état actuel de la Santoire.

En conclusion nous ne pouvons que réaffirmer notre opposition au projet présenté.

Pour l'U.R.A.L. le Président Jean Claude Priolet, le 26 mars 2007

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